Parties en pèlerinage de Paris vers Rome pour défendre la messe tridentine, les mères de prêtres de « La Voie Romaine » viennent d’apprendre qu’elles se verront accorder par le pape un « baciamano » à l’issue de l’audience générale du 4 mai. Les contours de cette entrevue demeurent flous.
C’est un premier pas presque inespéré pour les pèlerines de La Voie Romaine. Ces mères de prêtres parties en pèlerinage de Paris début mars vers Rome pour défendre la messe tridentine se verront accorder un « baciamano » à l’issue de l’audience générale du pape le 4 mai. Autrement dit, elles feront partie de ces personnes invitées à se tenir au premier rang sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, de part et d’autre de l’estrade où se trouve le trône pontifical, avec l’assurance qu’il viendra les saluer personnellement à l’issue de l’audience.
Un message synthétique et efficace pour le pape
« Nous accueillons cette nouvelle avec grande joie, même si nous ne savons pas très bien comment cela va se passer concrètement, confie Diane Sevillia, l’une des organisatrices de cette Marche et maman d’un prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre (FSSP). Pourrons-nous échanger quelques mots avec le pape ? Y aura-t-il un interprète ? Quand et comment allons-nous remettre nos lettres au souverain pontife ? » Autant d’interrogations qui demeurent pour l’instant en suspens, détaille cette marcheuse de la première heure. « Il faut que nous réfléchissions au message très synthétique et efficace que nous pourrions adresser au pape pendant cette courte entrevue ».
Comptent-elles lui demander de revenir intégralement sur son Motu Proprio Traditionis Custodes, restreignant fortement l’usage de la messe tridentine ? « Difficile de lui demander quelque-chose d’aussi radical », concède Diane Sévillia. « Nous voulons surtout lui manifester l’attachement très fort de tant de fidèles à cette messe millénaire de l’Eglise, et lui exprimer notre inquiétude de voir certains prêtres menacés de ne plus pouvoir la célébrer alors même qu’ils n’en faisaient pas un outil de rébellion ».
Près de deux milles lettres destinées au Souverain Pontife
Les pèlerines transportent une charette remplie de près de deux-mille lettres rédigées par des fidèles pour témoigner de leur soutien à la messe tridentine, destinées au pape François. Cette idée est née peu de temps après la publication du Motu proprio Traditionis Custodes en juillet 2021. « Parmi toutes ces lettres, beaucoup sont écrites par des fidèles et des prêtres qui n’étaient pas des ‘’tradis’’, mais qui ont été très heurtés par la dureté de ce texte », explique Diane Sevillia. Sur leur route, les marcheuses ont par ailleurs croisé un prêtre diocésain qui ne célébrait pas auparavant selon l’ancien Missel mais leur a confié qu’il s’était soudain découvert une fougue pour défendre la messe tridentine face au Motu proprio, inquiet de voir cette liturgie disparaître.
Parmi les trois autres mères qui marchent avec elle pour l’intégralité du pèlerinage, toutes n’ont pas des fils prêtres dans des communauté « tradis ». L’un est prêtre à L’institut du Christ-Roi-Souverain-Prêtre (ICRSP), l’autre prêtre diocésain, et le quatrième, prêtre de la Communauté Saint-Martin. A chaque étape, une dizaine d’autres mamans se joignent à ces femmes. Elles viennent de passer la frontière et se trouvent au sanctuaire de San Damiano, non loin de Milan.
Réussiront-elles à infléchir le cœur du pape le 4 mai ? Pour l’instant, celui-ci ne semble pas avoir l’intention d’assouplir les directives de son Motu Proprio. Après avoir publié un décret en février pour préciser que la FSSP n’était pas concernée par le Motu Proprio en raison de ses statuts, il a donné quelques préconisations exigeantes aux évêques de France en visite à Rome le 21 avril. Le Souverain Pontife a notamment rappelé que la FSSP n’avait le droit de célébrer la messe tridentine que dans ses églises et oratoires propres, et souligné la nécessité pour les prêtres « tradis » de concélébrer « au moins pour la messe chrismale ». Il n’a pas non plus laissé entendre de possibilité d’exempter d’autres communautés des règles de Traditionis Custodes.
Camille Lecuit
