Parties le 6 mars 2022 de Paris, des mères de prêtres arriveront à Rome le 30 avril, pour supplier le pape François de permettre que le rite Tridentin soit « librement célébré partout dans le monde ». Moins d’un an après la publication du motu proprio Traditionis Custodes, le mouvement qui s’est créé autour d’elles exprime « l’incompréhension » des fidèles attachés à ce rite pré-conciliaire, souligne Pauline Debay, engagée dans leur association de la « Voie romaine », contactée par I.MEDIA.
Par cette initiative, la Voie romaine souhaite que l’exception accordée par le pape à la Fraternité Saint Pierre le 11 février dernier soit étendue à tous : « Cette dispense est arrivée pendant la préparation de la marche, et nous nous sommes demandé si cela valait le coup de continuer, explique Pauline. Mais la situation n’est pas du tout réglée pour les autres instituts, ni pour les prêtres diocésains qui restent soumis au bon vouloir de leur évêque. »
Parmi les marcheuses, cinq ont parcouru les 1.500 kilomètres depuis Paris, rejointes par d’autres sur des tronçons de route et soutenues par une équipe de logistique – composée de 17 bénévoles – chargée d’organiser les itinéraires et les bivouacs. Sur leur chemin, passant notamment par Vézelay, Paray-le-Monial, Ars, la Sainte-Baume, Cotignac, les pèlerines ont été reçues chaque soir par des familles, communautés ou paroisses. « Nous avons été impressionnés par l’accueil des gens », confie Pauline, chargée du pôle administratif. Au total, 80 femmes ont participé à cette démarche.
Une audience très attendue
Samedi, à leur arrivée dans la Ville éternelle, les mères pèlerines iront prier à la basilique Saint-Pierre, puis participeront à une messe d’action de grâces à 17h à l’église de la Trinité des Pèlerins – tenue par la Fraternité Saint-Pierre. Le lendemain, dimanche 1er mai, un chapelet sera animé place Saint-Pierre à 17h aux deux intentions de la Voie romaine, que Pauline résume ainsi : « Que le pape entende la requête des mamans à la fin de l’audience générale de mercredi ; et que leur rencontre avec lui ait des conséquences concrètes ».
Une vingtaine de mères de prêtres pourront en effet saluer personnellement l’évêque de Rome au terme de cette audience générale place Saint-Pierre. Elles lui remettront leur lettre de supplication. « Ces mères ne font pas du tout de considérations intellectuelles ou théologiques, précise Pauline, elles y vont avec leur coeur de mamans de prêtres appelés à servir Dieu dans des instituts où le rite Tridentin est célébré. »
« Ceux qui ont conseillé le pape sur ce motu proprio se font une fausse image des communautés traditionnelles », estime encore Pauline. À rebours, les membres de la Voie romaine assurent que l’environnement de la messe tridentine est « sain », et qu’il « porte les âmes à Dieu ».
Près de 3.000 lettres de fidèles
Les mères marcheuses remettront également au pontife des lettres sélectionnées parmi les près de 3.000 envoyées par des catholiques du monde entier – Amérique du Sud, Europe, Inde, États-Unis. Une caisse contenant toutes ces lettres, portée en charrette tout le long du pèlerinage, sera déposée au Vatican. « Nous espérons vraiment qu’elle arrive jusqu’au pape », glisse Pauline, légèrement préoccupée.
Chargée d’ouvrir ces lettres, elle confie qu’elle en a eu parfois « les larmes aux yeux ». « Les fidèles manifestent leur incompréhension et ne se reconnaissent pas dans le soupçon de manque de fidélité à l’Église qui était posé sur eux. Ils redisent leur respect filial et leur confiance dans l’Église », affirme Pauline Debay.
Beaucoup parmi les signataires n’étaient pas des habitués du rite pré-conciliaire, mais disent avoir été touchés par cette liturgie. Grâce au rite Tridentin, écrit ainsi Camille, dont I.MEDIA a lu la lettre, « j’ai découvert le silence… cela a sauvé ma foi ». « Oh mon Saint-père, ajoute-t-elle, […], je vous ai découvert et aimé grâce au rite Tridentin. […] Pitié pitié pitié pitié, je sais que je ne suis vraiment rien et ai en vérité bien peu d’importance. Mais je suis tombée amoureuse de l’Église et de Jésus-Hostie, grâce au rite Tridentin. »