Entretien avec Diane Sévillia, mère de prêtre
Diane Sévillia, vous êtes investie dans » La Voie romaine » : pouvez-vous nous expliquer l’objectif de cette initiative ?
Comme catholique, depuis ma première communion jusqu’à aujourd’hui, je n’ai cessé d’aller prioritairement à la messe selon le rite qui était le rite officiel dans l’Église latine au moment de l’ouverture du Concile Vatican II. J’ai dit prioritairement, mais non exclusivement : je ne nie en rien la validité de la messe selon l’Ordo de 1970, liturgie que je pratique selon mes activités associatives ou dans l’église la plus proche de notre maison de famille lorsque nous sommes en vacances, où nous sommes investis dans notre paroisse et où nous avons toujours eu des rapports amicaux avec les curés qui s’y sont succédés depuis plus de trente ans. Il reste que ma foi et celle de ma famille a été nourrie par la liturgie traditionnelle. Or au vu du Motu proprio Traditionis Custodes, et de ses conditions d’application très strictes, il ressort une volonté d’aboutir à terme à la suppression radicale du rite tridentin, et d’empêcher les prêtres qui se sont voués à cette liturgie d’exercer leur ministère dans les conditions qui avaient été autorisées par saint Jean-Paul II en 1988 et par Benoît XVI en 2007. Mais on ne peut pas interdire une messe qui est tout autant valide que la forme ordinaire et qui l’a été pendant des siècles et jusqu’à nos jours.
L’objectif de la Voie Romaine est de demander aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle d’écrire au pape pour lui exprimer leur désarroi et leur tristesse, et lui demander de
ne pas couper tous ces prêtres qui ont donné leur vie pour le Christ de cette messe qui est l’essence même de leur sacerdoce.
Pourquoi ce nom de la Voie romaine ?
Parce que Rome, capitale de l’Église catholique, c’est la chrétienté, et que nous appartenons à cette chrétienté dont Rome forme le centre. C’est notre maison : « Tous les chemins
mènent à Rome ». Nous y allons en témoignage de communion et d’unité.
À quel titre vous y êtes-vous engagée ?
Comme catholique, bien sûr, mais aussi comme mère d’un prêtre. Les prêtres des instituts traditionnels n’ont commis aucune désobéissance, ont suivi leurs constitutions
approuvées par le Saint-Siège, exerçant leur ministère selon des règles permises par l’Église, et en bonne entente, dans la majorité des cas, avec le clergé diocésain. Or du jour au
lendemain, les règles sont changées sans concertation avec les supérieurs et ces prêtres sont rejetés à la marge alors qu’ils n’ont fait aucun mal. Je trouve cela d’une injustice
confondante. Comme l’a si bien exprimé le Père de Blignières, « La liturgie traditionnelle, c’est notre être même ! Nous demander de l’abandonner, c’est nous recommander de tuer ce qui a façonné notre être spirituel depuis des décennies… » Face à cela, je ne peux pas rester sans réagir. C’est pourquoi nous avons décidé avec plusieurs mamans de prêtres,
blessées dans notre cœur, de porter à Rome les lettres écrites au pape. Ce sera un grand pèlerinage puisque nous irons à pied de Paris, d’où partira la marche, jusqu’à Rome. Avec
respect, nous irons exprimer notre incompréhension et notre détresse, espérant que le Père commun de l’Église saura entendre notre voix.
Savez-vous aujourd’hui combien de mères de prêtres prendront la route avec vous ?
Nous n’avons pas encore de chiffre exact pour le nombre de marcheuses. Nous sommes déjà cinq au départ pour faire tout le parcours, mais nous avons beaucoup de sollicitations.
Pour une question d’organisation, nous limiterons la logistique de la marche à une vingtaine de mamans par jour, mais bien-sûr ceux que nous croiserons sur notre route pourront nous accompagner quelques heures ou quelques jours si le cœur leur en dit !
Quand l’arrivée à Rome est-elle prévue ?
Départ le 6 mars et arrivée à Rome le 1er mai. Pour l’anecdote, mon fils, prêtre de la FSSP, avant d’entrer au séminaire, était allé à pied de Notre-Dame de Paris à Saint-Pierre de Rome en compagnie d’un de ses amis, devenu prêtre du diocèse de Versailles, et dont la mère va marcher avec moi dans le groupe de la Voie romaine. Il y a douze ans, nos fils sont arrivés à Rome un 6 mars, date à laquelle nous partirons cette année. Joli clin d’œil !
Quels soutiens recevez-vous (paroisse, diocèse, clergé, laïcs attachés ou non à la Tradition) ?
Beaucoup de soutiens, surtout de laïcs attachés au rite tridentin, car ils en connaissent la valeur, dont une bonne moitié (ce qui nous touche énormément) qui vont à la messe dans leur paroisse territoriale « ordinaire », ce qui donne un sens supplémentaire à cette supplique adressée au pape. Nous avons reçu plusieurs manifestations de sympathie de la part du clergé et de certaines paroisses. Un film documentaire est en cours de production avec de nombreux témoignages.
Quel message adressez-vous à tous nos lecteurs et pèlerins de Chartres, comment peuvent-ils vous aider ?
Le message que nous voudrions adresser à vos lecteurs et aux pèlerins de Chartres, c’est de ne pas désespérer, d’agir, d’écrire au pape, car il faut beaucoup de lettres pour montrer le trouble créé par ce malencontreux Motu proprio. Nous proposons de télécharger un formulaire qui facilite grandement le travail de rédaction de la lettre sur lavoieromaine.com. Que tous les religieux, prêtres et laïcs implantés sur notre itinéraire vers Rome n’hésitent pas également à se signaler auprès de La Voie romaine s’ils peuvent nous aider ou nous accueillir. Mais aussi et avant tout, bien sûr, de beaucoup prier. Christus Vincit !